Le handicap dans le sport automobile - Dix pilotes d'exception! (Partie 1)
Le sport automobile est souvent vu comme un milieu d'élite où les performances sportives sont telles que n'importe qui en ressortirait épuisé, physiquement et mentalement. Pourtant, au cours de ses presque 150 ans d'histoire et de ses milliers de héros qui ont roulé sur toutes les routes et circuits du monde, il y en a certains dont la performance prendra toujours une saveur plus grande, un héroïsme qui sans éclipser le talent des grands champions a imposé le respect à tout ceux qui les ont vu courir, ceux qui ont su dépasser des obstacles que l'on aurait pu croire rendre impossible la pratique de ce sport, le handicap. A l'approche des jeux paralympiques, je vous propose donc de revenir sur dix de ces héros souvent oubliés.
1. Jean-Pierre Beltoise - Coude bloqué:
Né en 1937, le français Jean-Pierre Beltoise se destinait tout d'abord à la compétition moto, remportant onze titres de champion de France de 1961 à 1964, mais il se tournera vers la compétition auto en 1963 avec les voitures de sports. C'est le 5 Juillet 1964 que sa vie a basculé, lors des 12h de Reims.
Il est 0h15, nous sommes au 6ème tour, la René-Bonnet de Beltoise suit une Alpine de près et ne voit pas une traînée d'essence s'échapper de la voiture rivale. Il part en tête-à-queue au second virage et sa voiture termine en tonneau dans un champ avant de s'embraser! Les commissaires n'arrivent pas à circonscrire l'incendie et se résignent à attendre, dépités, que la voiture ne soit complétement calcinée avant de récupérer le corps du malheureux... L'un d'eux, équipé d'une torche, s'éloigne du groupe pour s'enfoncer dans le champs et retrouve Beltoise, inconscient, il avait été éjecté de sa voiture mais est grièvement blessé. Le miraculé est difficilement héliporté, entre la nuit et la fumée de l'incendie, il faudra attendre 0h35 avant qu'enfin il puisse être rapatrié à l'hôpital de Reims. Le constat est grave, ses jambes sont fracturées et son bras risque l'amputation. Grâce à l'acharnement des médecin, le bras de Beltoise est sauvé, mais son coude restera définitivement bloqué. A la demande de Beltoise, le médecin bloquera son coude à 120°, soit sa position de conduite lors de sa rééducation, tellement passionné par le pilotage qu'il lui était inconcevable de ne pas piloter à nouveau, même avec un bras immobile!
Un an plus tard, le 4 Juillet 1965, Jean-Pierre Beltoise remporte la course de Formule 3 à Reims! Et la carrière du français n'allait pas s'arrêter là! Il participera à de nombreuses courses à travers le monde: en Formule 1 de 1966 à 1974, aux 24h du Mans de 1963 à 1979, au Championnat du Monde des Voitures de Sport de 1965 à 1975. A partir de 1976, il préfère se tourner vers le Super Tourisme et remportera deux Championnats de France. Mais son plus grand succès sera sa victoire au sommet du sport automobile en allant s'imposer à Monaco sur BRM en 1972 sous la pluie malgré son handicap!
Retraité du sport automobile il fonde sa propre école de conduite à Trappes et milite activement dans le cadre de la prévention routière. Le 5 Janvier 2015, alors qu'il assiste aux préparatifs pour l'arrivée de l'Africa Eco Race qui doit se tenir à Dakar le 11 Janvier, il trouve la mort dans sa chambre d'hôtel victime d'un double AVC, mais personne n'oubliera sa passion de l'automobile.
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2. Robert Kubica - Mouvements limités de la main et du coude:
Né en 1984, Robert Kubica est l'exemple même de la combativité. Comme beaucoup de pilotes de sa génération, il commence très tôt par le karting et gravit rapidement les échelons vers la F1 en passant par la F3 et différents niveau de Formule Renault. Ses succès le font entrer en 2005 chez Renault F1 en tant que pilote d'essai avant de signer un contrat avec BMW Sauber en 2006. Régulier, il rentre dans les points presque à chaque course avant d'avoir un terrible accident lors du Grand Prix du Canada 2007. Sortit à haute vitesse, il vient se fracasser contre le mur à 300km/h avant de faire plusieurs tonneaux. La télémétrie enregistrera un choc à 75G (!). Sonné, il est ramené conscient au centre médical de la piste. Certain soupçonnent une jambe cassée, voire les deux, d'autres pensent plutôt aux cheville, et le constat tombe dans la soirée... Robert Kubica s'en sort avec seulement quelques contusions et une cheville foulée! Une preuve de la robustesse des F1 contemporaine, il ne souffre d'aucune blessure majeure!
Le polonais rate cependant la course suivant aux Etats-Unis pour revenir au Grand Prix de France. En fin de saison il devient le deuxième plus jeune pilote à monter sur un podium après Alonso, et en 2008, il remporte sa première victoire sur le circuit même de son accident! En 2010, il revient chez Renault F1.
En parallèle de la Formule 1, Kubica participe également à des rallyes où il croise parfois un autre pilote de F1, Kimi Raïkkönen. Le 6 Février 2011 se tient la Ronde di Andora au Nord-Ouest de l'Italie, près de la frontière française. Pour ce rallye local, il participe sur une Skoda Fabia S2000 avec laquelle il a l'habitude de courir. Mais après seulement 4km parcourus lors de la première spéciale, il perd le contrôle à haute vitesse et encastre sa voiture sur un rail de sécurité qui perfore l'habitacle! Les secours mettront plus d'une heure à le sortir de l'épave avant de le rapatrier par hélicoptère à l'hôpital de Pietra Ligure. Ayant perdu beaucoup de sang, son pronostic vital était engagé et après sept heures d'opération, son état s'est enfin stabilisé. Kubica souffrait de multiples fractures à la jambe, à l'épaule et au poignet droit. Son poignet a été par ailleurs complétement écrasé lors de l'accident.
Aillant frôlé la mort, il restait cependant confiant sur son avenir à court terme, et même si Renault F1, renommé Lotus-Renault, l'avait remplacé par Nick Heidfeld pour le début de saison, il promettait de revenir rapidement dans son baquet. La réalité fût toute autre. Le poignet du polonais a dû être totalement reconstitué et il lui aura fallu plusieurs mois de rééducation pour retrouvé une mobilité compatible avec le pilotage d'une voiture de course. Fin 2011, il n'est pas reconduit chez Lotus, il déclarera plus tard avoir signé chez Ferrari, mais en Février 2012, il glisse sur une plaque de verglas et se recasse la jambe! Visiblement toujours fragile, il ne reprendra pas le volant jusqu'en Septembre pour participer à la Ronde Gomitolo di Lana, un rallye local où il cours sur une voiture de WRC et qu'il remportera avec une minute d'avance sur le second.
A partir de là, Kubica va courir dans beaucoup de discipline. Il remportera le championnat WRC 2 en 2016, participera au WRC plusieurs saison, reviendra en F1 en tant que pilote d'essai jusqu'à faire une saison complète chez Williams en 2019, et fera même une saison de DTM avant de s'engager dans le défi de l'endurance, d'abord en LMP2 où il remportera le championnat ELMS en 2021, et le WEC en 2023. Le polonais pilote désormais pour AF Corse au volant de la Ferrari 499P et n'est pas prêt de s'arrêter malgré un poignet toujours en délicatesse. Il faut cependant briser un mythe, contrairement à ce qu'ont déclaré certains journaliste, le polonais ne pilote pas à une seule main, les mouvements de son poignet droit sont certes limités, mais pas inexistants.
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3. Alan Stacey - Amputé d'une jambe:
Né en 1933, Alan Stacey a vécu une carrière météoritique et deux espoirs brisés. Ne se destinant pas tout d'abord à la Formule 1, ni même au sport automobile mais plutôt vers le motocyclisme et participait à de nombreuses courses sur route en Grande-Bretagne alors qu'il n'avait que 15 ans remportant même plusieurs victoires face à des pilotes bien plus expérimentés. Hélas, à l'âge de 17 ans, il est victime d'un accident de la route d'ont il ressort amputé de la jambe droite en dessous du genoux.
Toujours grisé par la vitesse, Stacey ne s'en laisse pas compter et passe de deux à quatre roues après de longs mois de rééducations et de doutes. Il achète en 1955 une Lotus Mk.VI en kit. Ayant conservé son genoux, il pouvait toujours très bien accélérer et freiné et déjà impressionnait avant d'acheter l'année suivante une Lotus XI avec laquelle il remporte quelques succès en catégorie sports, et l'écurie Lotus officielle décide de l'engager pour la saison 1957, toujours en voitures de sport!
Equipé d'une prothèse percée pour être allégée, il pouvait bien accélérer et freiner, mais sans mouvement de cheville, il ne pouvait pas effectuer de talon-pointe (accélérer et freiner en débrayant affin de conserver l'adhérence de la voiture lors des rétrogradages). Pour palier à ce handicap, Lotus installe un accélérateur de moto sur le levier de vitesse! Il est ainsi le premier pilote a n'utiliser que deux pédales sur une voiture à boîte manuelle. Cette particularité lui fît acquérir un style de pilotage très souple, très conservateur sur les pneus et la mécanique qui devînt un réel avantage pour le jeune pilote qui continuait a enchaîner les bons résultats en sport, et en 1958, à l'occasion du Grand Prix de Grande-Bretagne, le britannique participe à sa première course de Formule 1 ainsi qu'à la course de sport organisé en prélude. Il termina 8ème du Grand Prix. D'abord remplaçant, il devient pilote à temps plein chez Lotus F1 en 1960, continuant toujours à piloter en sport comme cela se faisait beaucoup à l'époque. Cependant, même si son talent restait indéniable, il ne marquait aucun point, la Lotus cassant malheureusement à chaque course.
Le 19 Juin 1960, il participe donc au Grand Prix de Belgique sur le long circuit de Spa-Francorchamps. Lors des essais de la veille, Stirling Moss est victime d'une grosse sortie de piste à Malmédy après avoir cassé son moyeux arrière gauche. Ejecté de sa voiture, il en ressort avec les deux jambes, le nez et trois vertèbres cassées. Le jour de la course, Stacey mal qualifié se bat pour gagner des position quand au 20ème tour, son compatriote Chris Bristow perd le contrôle de sa voiture à Malmédy, juste après Burnenville. La voiture s'écrase dans le talus à 210km/h projetant le pilote dans une clôture ne laissant aucune chance au malheureux... La course continue cependant et Alan Stacey est revenu en 6ème position. Non menacé, il ne prend aucun risque, mais surprenaient perd lui aussi le contrôle de sa voiture au même endroit que Moss. La vitesse est telle qu'il est lui aussi éjecté de sa voiture avant qu'elle ne s'embrase, mais la course continue, et l'ambulance a du mal a atteindre le lieu de l'accident. L'état du britannique est sérieux et avant même que l'ambulance n'ait le temps de quitter le circuit, il décède de ses blessures... Sur les lunettes et le casque du pilote, les secours remarquèrent ensuite les traces d'un gros impact tandis que des témoins avait vu voler un oiseau au niveau de la piste peu avant l'arrivée du pilote. Si rien n'est certain, il est très probable que le hasard d'une collision avec l'oiseau ait causé ce drame.
Si l'histoire moderne de la F1 retient souvent Saint-Marin 1994 comme week-end noir, il ne faut pas oublier ce week-end de 1960 où trois pilotes ont étés victimes d'accident très graves, dont deux fatals, à moins de 500m d'écart.
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4. Mika Häkkinen - Traumatisme crânien, paralysie faciale et perte de l'audition:
Né en 1968, Mike Häkkinen débuta le karting à l'âge de 5 ans et grimpa rapidement les échelons. Il remporte toutes les catégories finlandaises de karting avant de passer en monoplace en 1987. Champion de Formule 3 Britannique (le plus côté à l'époque) en 1990, il y trouvera comme adversaires Heinz-Harald Frentzen et Michael Schumacher avant de passer en 1991 à la Formule 1 chez Lotus.
Dans la petite écurie, il n'espère pas jouer les victoires mais marque quand même des points. En 1992, après des marasmes juridiques, il signe chez McLaren pour 1993 où il sera cantonné au rôle de pilote d'essais avant d'enfin être pilote officiel pour les trois derniers GP. Il restera dans l'écurie britannique jusqu'à la fin de sa carrière en 2001! Chez McLaren, le finlandais peut donner toute l'étendue de son talent, et même si les résultats ne sont pas encore là, il est désormais clair qu'il ne se contentera pas d'un rôle d'outsider.
Le 10 Novembre 1995 à Adelaïde, Mika Häkkinen participe à la première session qualificative du dernier Grand Prix de la saison. Il signe un premier temps de préparation et se lance sur un tour rapide. Dans Brewery Bend, son pneu arrière gauche éclate et il part à très haute vitesses vers le vibreur extérieur qui catapulte la voiture à plus d'un mètre du sol avant de retomber lourdement puis percuter le mur de pneu 195km/h. Pendant l'impact, le casque du pilote percute le volant avec une telle force que le volant se tord! La séance est immédiatement stoppée et les secours sont sur place en quelques seconde. Le constat est alarmant. Le pilote n'est pas conscient, on soupçonne déjà au moins un trauma crânien et ses voies respiratoires sont obstruées. Après une trachéotomie pratiquée dans l'urgence et deux réanimations sur le circuit, Häkkinen est transporté à l'Hôpital Royal d'Adélaïde pour y être opéré, son crâne a été fracturé par l'impact avec la colonne de direction. Il y reste plusieurs jours en situation critique et deux mois sous surveillance permanente avant d'enfin pouvoir sortir.
Des doutes étaient présents quand à son retour derrière un volant, et pourtant, le 7 Mars 1996, il était à Melbourne pour le premier Grand Prix de la saison, toujours en Australie! Les témoins sur place retrouvent un Mika Häkkinen miraculé, mais subissant de fortes séquelles. Le visage du finlandais est paralysé et il a perdu plusieurs points d'audition. Malgré cela, il était pourtant toujours aussi rapide, remportant son premier Grand Prix à Jerez en 1997 avant de devenir Champion du Monde en 1998 et 1999 avant de lentement descendre dans le classement. Il quitte la F1 à la naissance de sa fille en 2001.
Après deux années sabbatiques, Häkkinen fera quelques rallyes avant de se tourner vers le DTM pendant trois saisons avant de définitivement arrêter la compétition automobile pour entrer dans le management. Il sera révélé plus tard que suite à son trauma crânien, en plus de sa paralysie du visage, son ouïe diminuait d'année en année rendant le pilotage d'une voiture de course compliquée. Aujourd'hui, à 55 ans, il porte des appareils auditifs vendus généralement pour des personnes de plus de 80 ans mais voit sa future surdité comme un nouveau défi qu'il est prêt à relever comme son combat pour revenir en F1 après l'accident qui lui a presque coûté la vie.
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Je vous donne rendez-vous Jeudi pour quatre autres pilotes!
Neet for Speed
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