Bernd Rosemayer, le rocket man de l'Allemagne Nazie

       

     Suite à la Première Guerre Mondiale, l’Allemagne se voit infliger de lourdes sanctions via le Traité de Versailles. Engluée dans une lourde crise financière accentuée par le crack boursier de 1929, l’Allemagne plonge petit à petit dans la partie la plus sombre de son histoire.

Rudolf Caracciola (g.) et Hans Stuck (d.)
    Le NSDAP, parti nazi, emmené par Adolf Hitler finit par arriver au pouvoir en 1933, avec comme principaux objectifs d’imposer la supériorité de la race allemande et laver l’affront subit par le Traité de Versailles en 1919. L’une des sanctions du Traité concerne l’armement de l’Allemagne qui lui interdit notamment de détenir des chars d’assauts.

    Pour redonner sa grandeur à l’Allemagne, le Reich a l’idée de financer deux grandes entreprises automobiles, Mercedes Benz et Auto Union (future Audi), afin que ses dernières développent des voitures de Grand Prix et imposent la suprématie technique et sportive allemande.
    Sur le plan sportif, à partir de 1934, Auto Union et Mercedes Benz commencent à s’imposer durant les Grandes Épreuves du Championnat d’Europe des pilotes avec Hans Stuck et Rudolf Caracciola.



A LA RECHERCHE DU BON ARYEN

    A partir de 1935, le plan de domination du sport automobile par les allemands est bien en place. Il est donc temps pour le IIIe Reich de se trouver un pilote symbolisant le triomphe allemand. Les noms des expérimentés Caracciola et Stuck sont évoqués, mais le nom à consonnance trop italienne du premier et les origines juives du deuxième ne collent pas avec la propagande nazi et les dirigeants allemands décident de se tourner vers un autre pilote allemand: Bernd Rosemeyer.

DER NEBELMEISTER

Mariage du couple Rosemeyer (au centre)
    Bien que moins éclatant et titré que ses 2 compatriotes cités plus haut, Bernd Rosemeyer jouit tout de même d'une très belle réputation notamment grâce à ses performances lors de courses sur le Nürburgring, qu'il remportera 3 fois en 6 courses, et qui lui vaudront de Nebelmeister (Le Maître du brouillard).

    Il est donc très rapidement utilisé et récupéré par la propagande nazie menée par Joseph Goebbels. Jeune, blond, talentueux et marié à la grande aviatrice allemande Elly Beinhorn, Rosemeyer a tout du parfait aryen. Son titre au Championnat d’Europe des pilotes de 1936 au bord de son Auto Union Type C finisse par légitimer son image d’idole du Reich.
    
    Bien loin de l’idéologie nazi, Rosemeyer a tout de même rejoint la SS par opportunisme en 1933 puis est intégré à l’unité paramilitaire de transport (NSKK) dès 1934. Il refusera néanmoins, lors de son mariage avec Elly Beinhorn en Juillet 1936, de porter l’uniforme nazi, ce qui provoquera la colère d’une grande partie des hauts dignitaires du parti. 
    
    Il ne cessera d’être provocateur envers le régime notamment lors du GP d’Allemagne 1936 au Nürburgring où il provoquera ce qui restera appelé « La Révolte du long baiser ». En effet, Adolf Huhnlein, dirigeant du NSKK, décide avant le départ du Grand Prix que les femmes n’ont pas leurs places dans un paddock, distrayants trop les pilotes, et il les chassera. Cette décision provoquera la fronde de plusieurs pilotes menés par Rosemeyer qui, sur la grille de départ, quitteront leurs monoplaces afin d’aller embrasser leurs épouses en tribunes. Cette révolte énervera au plus haut point les officiels allemands qui quitteront immédiatement La Tribune officielle.
Illustration de la Révolte du long baiser (Grand Prix Rosemeyer - Marvano)

    Toujours dans la provocation, Rosemeyer ira jusqu’à imiter Hitler lors d’un repas de gala à la Chancellerie en avril 1937, en présence de Benito Mussolini. Surpris par le Führer durant son imitation, ce dernier esquissera un sourire, ne voulant pas provoquer d’esclandre devant Il Duche mais Joseph Goebbels se promit de ne pas laisser passer cet affront impuni.

    Malheureusement, Bernd Rosemeyer finit par trouver la mort dans un accident le 28 janvier 1938. Lancé à plus de 420km/h dans une tentative de record du monde de vitesse sur l’autoroute Francfort Darmstadt, il perd le contrôle de son Auto Union modifiée pour l’occasion et sera retrouvé mort adossé à un arbre à près de 100m du lieu de l’accident;

    Dans sa vie comme dans la mort, le régime nazi utilisera ses obsèques comme image de propagande. Lui offrant des obsèques nationales à Berlin, le régime nazi fera défiler son cercueil au son de l’hymne SS et de la marche funèbre de Beethoven, avec qu’Hitler lui même ne prononce son éloge funèbre. 

« Il est douloureux pour nous tous de savoir que Bernd Rosemeyer, un des meilleurs et des plus braves pionniers ayant œuvré pour bâtir la renommée allemande dans les domaines des moteurs et de la production, y ait laissé sa jeune vie. Que la pensée qu’il ait combattu pour l’Allemagne apaise votre peine.» - A. Hitler

    Victime de sa passion, Rosemeyer ne sera pas oublié pour autant, Wolfgang von Trips avouera avoir été admiratif de lui étant petit. En 2000, Audi lui rendra hommage en créant un concept car, l’Audi Rosemeyer, basée sur les lignes de son Auto Union Type C avec laquelle il a remporté son titre en 1936.

Concept car Audi Rosemeyer de 2000 (à g.) aux côtés de l'Auto Union Type C (à d.) que Rosemeyer pilotait pour son titre de 1936 


YOPE

  

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