Grand Prix de Belgique 1963 - La plus belle victoire de "Gentleman Jimmy" Jim Clark

    Jim Clark est né le 4 mars 1936 à Kilmany en Écosse et figure encore aujourd'hui comme un des plus grands pilotes en sport automobile et en Formule 1, qu'il a marqué de son empreinte pendant les années 60.

Jim Clark au volant de sa Lotus, une association légendaire

    En seulement 72 Grands Prix il s'est construit un très grand palmarès, signant 33 pole positions, 25 victoires, de nombreuses autres victoires dans d'autres catégories couronnée de deux titres de champion du monde en 1963 et 1965. Il a aussi remporté les 500 Miles d'Indianapolis en 1965, ainsi que le Grand Prix de l'Académie des sports la même année. Il a établi à son époque des records dont un subsiste encore aujourd'hui, celui du nombre de grand chelem avec 8, c'est à dire en signant pole position, meilleur tour, victoire et en menant le Grand Prix de bout en bout.

 Jim Clark après sa victoire aux 500 Miles d'Indianapolis 1965

    Caractérisé par un style de pilotage d'une grande douceur qui lui confère habileté et talent au volant ainsi qu'une régularité métronomique, ce style de pilotage coulé contribuera à caractériser le style unique de Jim Clark.

Le pilotage coulé de Clark convenait parfaitement à sa fidèle Lotus

    Fils de riches fermiers d'une famille de 5 enfants, Jim semble d'abord prédestiné à prendre la suite de ses parents dans la gestion et l'exploitation de la ferme familiale. Il fit ses premières armes dans des rallyes locaux et régionaux, ce qui ne déclencha pas l'ire de ses parents, qui voyaient donc plutôt l'avenir de leur fils dans la culture et l'élevage. Mais un de ses amis, Ian Scott-Watson l'encourage à poursuivre dans la voie du sport automobile et joue un rôle dans son incorporation dans l'équipe de Jock McBain : Border Reivers

 Ian Scott Watson entouré des très nombreux trophées remportés par Jim Clark

    Dans une des courses qu'il dispute il livre un duel qui va alors tout changer, au volant d'une Lotus Elite contre un certain Colin Chapman. Ce dernier est alors très impressionné et va suivre sa carrière de très près. L'ironie veut que Border Reivers avait pour projet de racheter une Lotus de F2 pour Clark, avant de se raviser. Clark s'oriente alors vers les voitures de sport et dispute les 24h du Mans entre 1959 et 1961 avec notamment une 3ème place cette année là.

 Jim Clark qui mène ici devant Colin Chapman, son futur patron !

    Passage en monoplace, Clark se lie à la fois avec Aston Martin en Formule 1 et Lotus en Formule 2, mais il n'y a qu'avec Lotus que Clark enchaîne les victoires et c'est tout naturellement qu'il signe avec Lotus, cette fois en Formule 1.

    Il dispute son 1er Grand Prix aux Pays Bas en remplacement de Surtees en 1960 et décroche ses premiers points à la course suivant sur le dangereux circuit de Spa en terminant 5ème.

 Jim Clark lors de son premier Grand Prix en 1960 sur le circuit de Zandvoort

    1961 sera une saison plus mitigée, malheureusement marquée par un drame. Lors du Grand Prix d'Italie il percute la Ferrari de Wolfgang von Trips qui s'envole dans le public et fait 15 victimes, dont le pilote autrichien. Il remporte son premier Grand Prix de Formule 1, hors championnat, à Pau.

 La carcasse de la monoplace de Von Trips après ce terrible accident avec Jim Clark

    1962 débute par deux victoires hors championnat. La Lotus 25 est une formidable monoplace mais Clark connait beaucoup de soucis de fiabilité, ainsi il signe 3 victoires mais doit céder le titre à Graham Hill à cause d'un abandon alors qu'il était en tête et avait la course et le titre en main...

En 1962, Jim Clark signe la 1ère de ses 33 pole positions à Monaco

    1963 sera l'année de la consécration avec 7 victoires remportées sur 10 Grands Prix, il remporte aussi le BRDC International Trophy disputé sur le circuit de Silverstone et de nouveau le Grand Prix de Pau.

 Consécration pour Jim Clark, Colin Chapman et Lotus en 1963 !

    Parmi ses 25 victoires j'ai décidé de vous parler d'une de ses plus belles, celle remportée au Grand Prix de Belgique 1963, sur le tracé de 14,1 kilomètres du circuit de Spa Francorchamps dans des conditions dantesques.

    A cette époque le tracé du circuit était bien différent de celui que nous connaissons de nos jours. Long de 14,100 kilomètres, l'édition 1963 compte 32 tours, soit une distance totale de 451,2 kilomètres.

 L'ancien tracé de Spa Francorchamps était un immense morceau de bravoure

    Les qualifications se déroulent en deux séances, le vendredi Mairesse signe le meilleur temps, Graham Hill le samedi signe le meilleur temps absolu qui lui octroie la pole position. Jim Clark ne s'élance que 8ème à 3 seconde de Hill !

 Graham Hill signe une magistrale pole position, tandis que Clark ne part que 8ème

    Dimanche, il a plu toute la matinée, le départ est donné sur une piste détrempée. Au départ, Mairesse, 3ème, manque son envol et se fait déborder de toutes parts. Clark, malin, emprunte la voie de décélération des stands et vire tout simplement en tête ! Ceci afin d'éviter Mairesse en perdition.

 Toute la course se disputera dans des conditions difficiles et pluvieuses

    A la fin du 1er tour Clark et Hill ont déjà pris une avance de 15 secondes sur leurs poursuivants. Au 2ème tour leur avance est de 22 secondes devant Mairesse bien remonté. Alors qu'il était gêné en début de course par des problèmes de boîte de vitesse, au 4ème tour Clark hausse le rythme et creuse d'emblée un écart de 8 secondes sur son poursuivant Hill.

 Dès le début avec un grand coup de malice, Clark prend la tête de la course !

    Mairesse part en tête à queue sous la pluie et rétrograde en 5ème position. Il abandonnera peu après sur problème d'injection. La piste s'assèche un peu, l'averse cesse et Hill continue à perdre environ 2 secondes par tour sur Clark, qui se retrouve d'ailleurs menacé de plus en plus par Surtees alors 3ème. A la fin du 8ème tour Clark compte 12 secondes d'avance.

    Au fil des tours Clark force de plus en plus l'allure, prenant toujours 2 secondes, voire plus sur Hill par tour, Brabham abandonne, puis Surtees au 14ème tour, c'est alors Gurney qui est 3ème à plus d'une minute de Clark.

 Graham Hill ne pourra rien face à la maestria de Jim Clark

    A mi-course le ciel devient menaçant comme jamais, le vent se lève, l'orage gronde, la luminosité devient très basse et Hill abandonne sur un problème de transmission. Gurney prend alors la 2ème position, mais tout le monde a baissé de rythme... sauf Jim Clark.

 Peu importe les conditions, Clark continuera à rouler à un rythme effréné

    En arrivant au 20ème tour, Clark compte ainsi deux minutes d'avance sur Gurney, loin devant la McLaren de Ginther alors 3ème mais très en délicatesse dans ces conditions, si bien que la Cooper de Maggs le rattrape.

    Au 27ème tour, la piste est détrempée, des flaques d'eau se forment un peu partout, la visibilité est des plus mauvaises, Clark est alors sur le point de prendre un tour à tout le monde.

 Un écart de près de 5 minutes sur son plus proche poursuivant, une domination totale !

    Il franchira la ligne d'arrivée avec presque 5 minutes sur Bruce McLaren, le seul dans le même tour que Clark, qui termine alors 2ème devant Gurney.

 Ce jour-là, Jim Clark était le maître de la pluie sur le tracé spadois !

    En 1964 il achève le championnat à la 3ème place enrichissant son palmarès de 5 nouvelles victoires. 1965 est une saison très disputée puisque Clark joue le titre face à Surtees, Graham Hill et Stewart. Il décroche son second titre et aussi sa 4ème victoire à Spa, circuit qu'il déteste pourtant pour sa dangerosité.

 Jim Clark, lors du Grand Prix de France 1965

    Il ne pourra rien face à ses concurrents en 1966 et 1967, mais portera son nombre de victoires en Formule 1 à 24, égalant ainsi Juan Manuel Fangio, record qu'il battra dès 1968 en remportant sa 25ème et dernière victoire lors de la manche d'ouverture en Afrique du Sud.

    Le 7 avril 1968, dans une course de Formule 2 sur le circuit d'Hockenheim, en Allemagne, sa Lotus quitte la route suite au déjantage d'un de ses pneus tubeless lors de la mise en appui dans une grande courbe, fait attribué à une probable crevaison lente. Il se tue dans l'accident. Lorsque les causes de cet accident sont déterminées, le règlement impose l'adoption par toutes les écuries de course de la fixation du talon du pneu sur la jante par des petites vis.

                             Ce terrible accident ne laissera aucune chance à Jim Clark...

 

Cladounnet

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