Grand Prix du Valentino 1946 - Le premier Grand Prix de Formule 1

 En 1946, le sport automobile reprenait en grande pompes. Après plusieurs courses de niveau national et même international, suivant la réglementation d'avant-guerre, mais la nouvellement fondée FIA arrivait avec une nouvelle réglementation technique proche de la précédente. 4.5l pour les moteurs conventionnels comme en Grand Prix, mais 1.5l pour les moteurs compressés comme en catégorie voiturettes. Cette nouvelle réglementation appelée Formule A, validée par la FIA et la CSI en Juin, le jour de la fondation de la FIA, allait devenir la norme pour toutes les Grandes Epreuves, avec pour but déjà avoué d'organiser un Championnat du Monde automobile avec ces nouvelles machines.

C'est le1er Septembre à Turin que la Formule A allait être employée pour la première fois, sur le circuit du Parc du Valentino le long du Pô, un circuit déjà utilisé à plusieurs reprise avant-guerre, pilotes et constructeurs entraient donc en terrain connu.

La ligne de départ et les puits de ravitaillement se situaient sur la viale Pier Andrea Mattioli en face du château du Valentino qui donne son nom au parc. Après une longue courbe à droite, relativement plate la piste rejoignait la viale Virgilio, après une courbe à gauche puis à droite, le circuit passait devant le bourg médiéval et un nouvel enchaînement gauche-droite à vitesse moyenne avant la jonction avec la viale Boiardo et un freinage en appuis pour un virage à droite plus serré. La viale Boiardo formait une légère courbe à gauche jusqu'à arriver à l'avenue Massimo d'Azeglio et un angle droit à droite. Après une ligne droite d'environ un kilomètre, les pilotes arrivaient sur une épingle, les faisant passer de l'autre coté de l'avenu pour revenir à l'entrée du parc, toujours viale Boiardo. Sur la placette d'entrée du parc, le circuit effectue un presque demi-tour pour revenir en direction du château et de la ligne de départ, passant devant la statue d'Amedeo di Savoia sur la viale Medaglie d'Oro, et enfin la grille de départ.

Concernant les concurrents, encore une fois se retrouvaient les constructeurs majeurs Alfa Romeo et Maserati, ainsi qu'un certain nombre de pilotes de l'ACI, ainsi que quelques français et britanniques.

Chez Alfa Romeo, tout les pilotes sont là, Giuseppe Farina, Consalvo Sanesi, Achille Varzi, Jean-Pierre Wimille et Carlo Flice Trossi sont tout les cinq présents pour piloter l'imbattable 158!

Chez Maserati, la marque reste principalement représentée par la Scuderia Milano qui engage cinq 4CL aux mains de Raymond Sommer, Arialdo Ruggieri, Henri Louveau, Tazio Nuvolari et Franco Cortese. La 4CL est aussi encore une fois aux mains de Raph et Enrico Platé, ainsi qu'à l'italien Giorgio Pelassa, engagé à titre privé. Ainsi qu'à l'écurie Autosport qui engage les vétérans Christian Kautz et Louis Chiron.

A nouveau, Harry Schell engageait la Maserati 6CM familiale, un modèle également en lice avec au volant Dioscoride Lanza et Emilio Romano, tout deux à titre privé.

Côté italien, en plus des Maserati et Alfa Romeo, deux Cisitalia D46 de 1.1l étaient engagées à titre officiel avec comme pilotes Piero Taruffi et Piero Dusio, ce second dont le numéro fétiche était le 46 donnait même son nom au modèle!

Autre italien en lice, Vittorio Mazzonis avec sa propre monoplace équipée d'un moteur FIAT de 1.1l.

Enfin, Enrico Platé était toujours présent, mais cette fois avec une vieille Talbot 700 préparée par ses soins et destinée à son cousin Luigi dit "Gigi" Platé, tout deux grand collectionneurs de voitures de sport.

Seul concurrent français, l'écurie SFACS engageait deux Delahaye 135S avec au volant Eugène Chaboud et Georges Grignard.

Enfin, côté anglais, on retrouvait les deux ERA Type B de Leslie Brooke et Reg Parnell...

Et la Type E, supposément la meilleure voiture de la marque, de Peter Whitehead.

Suivant le format traditionnel des courses de l'ACI, des essais qualificatifs avaient lieu les Vendredi et Samedi avant la course. Le circuit étant relativement court et étroit, seuls les vingt premiers des essais allaient se retrouver qualifiés pour la course. Et à ce jeu, Giuseppe Farina est le meilleur, signant la pole en 2min18. Les cinq premières places sont toutes prises par les Alfetta, nettement meilleures en maniabilité et motricité que leurs concurrents. seulement sixième, le vétéran Tazio Nuvolari reste le meilleur pilote Maserati devant un autre ancêtre, le monégasque Louis Chiron...

Et côté français? Une seule Delahaye rentre dans les qualifiés, Eugène Chaboud avec une faible vingtième position, derrière les trois ERA! Cisitalia, Mazzonis et Platé avec des voitures hors du coup sont bien loin, avec plus de dix secondes de la qualification avec soit une voiture antique, soit une puissance bien insuffisante sur un circuit demandant tant de motricité et d'accélération.

Dès le départ, Farina, Wimille et Trossi prennent un net avantage sur le reste de la concurrence, pourtant à la moitié du premier tour, Giuseppe Farina perd en rythme pour venir arrêter sa voiture au croisement des viale Virgilio et Boiardo pour abandonner un peu plus loin, transmission cassée à peine la course commencée!

Sous un ciel nuageux, entre pluie et sec, l'expérimenté Achille Varzi se retrouvait en lutte face au jeune Jean-Pierre Wimille en tête, tout deux prenant rapidement une nette avance sur la concurrence, prenant même un tour aux retardataires dès le sixième tour! Derrière, Reg Parnell abandonnait son ERA au deuxième tour sur une casse de boîte de vitesse et Emilio Romano sa Maserati au sixième tour.

Les Alfa Romeo intouchables? Pourtant Consalvo Sanesi alors quatrième ralentit au septième tour pour s'arrêter à son stand, son magnéto en vrac! Deux abandons sur cinq voitures, l'écurie commence à avoir des sueurs froides et intimé déjà l'ordre aux pilotes de geler les positions! Pendant le tour, Varzi avait dépassé Wimille, tant pis pour le français, il fallait qu'Alfa Romeo gagne en son pays!

Sans structure fixe, c'est l'hécatombe chez Maserati. Pelazza et Nuvolari abandonnent sur casse de roue, Ruggieri et Louveau abandonnés par leur compresseur, et Cortese voit tout juste la mi-course avant de perdre lui aussi son magnéto!

Le reste de la course, suivant les instructions de l'équipe, Achille Varzi reste en tête sans trop pousser devant Jean-Pierre Wimille frustré, mais respectant le choix de l'équipe, et après 60 tours tout deux passent la ligne avec tout juste une seconde d'écart! Wimille faisant preuve autant que faire se peut d'amour propre en signant le meilleur temps en 2min22. Des Alfa Romeo tellement supérieures qu'elles laissaient Raymond Sommer troisième sur Maserati à deux tours!

Quatrième, Eugène Chaboud représentait tout de même la France sur sa vieillissante Delahaye, forçant tout son tallent et profitant des casses de la concurrence pour rester à l'"avant-course" après une longue bataille avec Enrico Platé, cinquième.

Si aujourd'hui cette course semble anecdotique, un vieux Grand Prix parmi tant d'autres dans les années 40, en y regardant de plus prêt, outre le fait qu'il s'agisse officiellement du premier Grand Prix de Formule 1 (Formule A à ce moment), on y retrouve pourtant tout ce qui fait la F1 actuelle. Stratégie d'équipe, pilotes et écuries favoris, outsiders valeureux... Les prémices de la F1 étaient là, e restait plus qu'à organiser tout ça et en faire quelque chose de grand! Mais ça, ce sera pour une prochaine fois! En attendant, retrouvez tout les résultats complets sur le Wiki: https://memoires-mecaniques.fandom.com/fr/wiki/1946_Gran_Premio_del_Valentino

Neet for Speed

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