Grand Prix de France 1953 - La plus belle victoire de l'homme au noeud papillon

    On en arrive au 4ème champion du monde dans l'histoire de la Formule 1, et pas des moindres puisque Mike Hawthorn fut le premier champion du monde britannique parmi un vivier de 10 pilotes étant originaires du Royaume Uni !

 


Souriant, orné de son noeud papillon, la classe à la "Bristish" !

    Mike est né en 1929 dans le Yorkshire, à Mexborough, inspiré par son père Leslie, qui a lui-même disputé des courses en championnat motocycliste, Mike achète sa propre moto en 1947 et remporte quelques succès dans des épreuves de Trial.

    A partir de 1951, Mike passe sur quatre roues et fait ses débuts en championnat de F2 au volant d'une Cooper Bristol, tout en remportant dans le même temps le championnat de voitures de sport en Grande Bretagne au volant d'une Riley TT Sprite.

    En 1952 il participe à plusieurs épreuves du championnat du monde des pilotes sous règlementation F2, il se distingue notamment par trois victoires lors de la Lavant Cup à Goodwood, une sur le circuit d'Ibsley ou encore le National Trophy sur le circuit de Turnberry, pour ce qui concerne les courses ne rapportant pas de points au championnat du monde. Il signe également un podium sur le circuit de Silverstone et deux 4ème place sur le circuit de Spa Francorchamps et Zandvoort.


 Hawthorn, en route pour un podium à domicile à Silverstone lors de l'édition 1952

    Pour 1953, Jaguar souhaite l'engager dans son équipe d'endurance, mais Mike choisit finalement de répondre à l'offre de la Scuderia Ferrari. Il devient ainsi le premier pilote britannique à rejoindre une écurie officielle depuis Richard Seaman dans les années 30.


 Hawthorn aux côté d'Enzo Ferrari lors du Grand Prix d'Italie 1953

    Champion du monde en 1958, c'est cependant en 1953 pour la 1ère de ses 3 victoires que nous allons remonter avec le Grand Prix de France, qui le verra disputer une bataille mémorable au volant de sa Ferrari 500 contre les Maserati A6GCM de Fangio et González sur le circuit Reims Gueux.


 Entouré par les mécaniciens Ferrari, concentration maximale...

    Il s'agit d'un circuit très rapide où la toute première course se disputa le 2 août 1925 pour ce qui s'appelait le Grand Prix de la Marne, la dernière épreuve s'y déroula le 28 juin 1969 pour le compte du championnat d'Euro F3. En 1952 le circuit sera modifié pour traverser le village de Gueux par l'intermédiaire d'une bretelle, portant la longueur totale du tracé à 8,3 kilomètres.


 

    Ce circuit connaîtra 11 éditions du Grand Prix de France, de 1950 à 1966, les éditions 1952, 1957 et 1962 se déroulant sur le circuit de Rouen les Essouarts. Fangio y remporta 3 Grands Prix, Hawthorn 2.

    Ce Grand Prix est surnommé comme étant la "course du siècle", remportée alors par le tout jeune pilote britannique d'à peine 24 ans, record de précocité qui ne sera battu qu'en 1968 par Jacky Ickx ! Et cette course sera donc marqué par un duel mémorable qui fera date dans l'histoire.


 C'est aussi lors d'un Grand Prix de France que Jacky Ickx devint alors plus jeune vainqueur

    La course comptait alors 60 tours, González mènera les 29 premiers, Fangio et Hawthorn les 31 suivant en échangeant... 12 fois de position en tête de course !

    Et qui plus est, Hawthorn ne signe qu'un lointain 7ème temps en qualifications devancé par Ascari en pole, puis Bonetto / González, Villoresi, Fangio, González et enfin Farina. Ainsi il s'élance au milieu de la 3ème ligne, encerclé par Farina et Marimon qui lui est donc 8ème.

    Temps beau et chaud pour la course, les Ferrari ne se présentent qu'au dernier moment pour protester contre la disqualification d'une de leurs voitures lors des 12 heures de Reims qui se sont courues juste avant entre minuit et midi.

    Aucun arrêt aux stands n'est attendu pendant la course, sauf chez Maserati qui a prévu d'envoyer González avec un réservoir à moitié plein afin d'assurer un rythme élevé en début de course.

    Dès le départ Bonetto ouvre la voie à ses coéquipiers Fangio et González, les 3 Maserati ont surpris ainsi les Ferrari, González prend d'emblée un rythme très rapide et roule 3 secondes plus vite que tout le monde. Ascari et Villoresi se défont des Maserati, Hawthorn est remonté 5ème.

 

Départ à trois de front, Hawthorn pointe alors en 5ème position

    Après 5 tours, González creuse encore plus l'écart menant avec bien plus de 10 secondes d'avance, Hawthorn est remonté 4ème suite à un tête à queue de Villoresi. Les 4 Ferrari mettent à profit l'aspiration facilitée par les longues lignes droites de ce circuit et combler leur handicap de poids sur la Maserati de tête. Ainsi après 10 tours le retard n'est plus que de 7 secondes.

    Au 20ème tour, González devant se creuser un écart conséquent pour assurer son ravitaillement porte son avance à 20 secondes. Les Ferrari temporisent et Fangio en profite ainsi pour remonter en 3ème place, doublant Farina, Hawthorn et Ascari au 25ème tour.

 
 
Pendant les 29 premiers tours González mènera sans coup férir

    29ème tour, González s'arrête, mais son avance est insuffisante et il ressort 6ème. A mi course c'est donc Fangio qui occupe la tête, suivi de très près par Hawthorn et Ascari. Et c'est maintenant que cette course va devenir mémorable !

    Fangio et Hawthorn engagent une bataille mémorable, se doublant sans cesse, parfois d'un virage à l'autre. Ils se détachent tous deux d'Ascari, derrière González remonte fort et se défait de Marimonau 33ème tour. Un tour plus tard, Fangio et Hawthorn passent côte à côte devant la ligne droite de départ, aucun ne veut céder, il reste 26 tours à couvrir... Derrière ce sont 4 pilotes qui vont se disputer la 4ème place : González, Marimon, Ascari et Farina.


 Entre Fangio et Hawthorn, la lutte sera féroce, la bataille épique !

    Fangio est en tête à la fin du quarantième tour. Il pousse au maximum, mais malgré ses efforts ne parvient pas à se débarrasser d'Hawthorn; à chaque boucle, le même scénario se répète : le champion argentin a quelques mètres d'avance au passage de Muizon, mais la Ferrari du Britannique bénéficie d'un bien meilleur freinage et recolle à la Maserati au freinage de Thillois, les deux pilotes repassant de front devant les tribunes !

    Pendant les 20 derniers tours la bataille restera mémorable entre Fangio et Hawthorn, le pilote britannique se joue des trajectoires de piste et des pilotes retardataires, n'hésitant pas à élargir, sortir de la piste volontairement, pour piéger Fangio lorsque celui-ci tente alors de le dépasser, une vraie science de la course pour un pilote de seulement 24 ans !

    Dans les derniers tours, Hawthorn parvient à se ménager une légère avance, mais au dernier tour Fangio le recolle et parvient même à dépasser ! Cependant ses pneus sont bien plus usés et il perd son premier rapport de boîte de vitesse.


 Qui remportera ce duel haletant ?

    A l'approche du virage de Thillois il retarde au maximum son freinage, Hawthorn freine encore plus tard ! Fangio part en travers qu'il parvient à maîtriser. C'est terminé, Hawthorn franchit la ligne d'arrivée avec une seconde d'avance sur Fangio ! Le pilote argentin manque même de se faire déborder par González qui termine 3 dixièmes derrière, étant remonté fort suite à la bataille des deux premiers.


Hawthorn peut savourer le champagne, il vient de remporter une magnifique victoire !

    En 1958, avec une victoire de nouveau au Grand Prix de France et 5 arrivées à la deuxième place, il s'assure le titre de champion du monde.

    Le 22 janvier 1959, Mike Hawthorn est victime d'un accident sur une route de campagne humide. En doublant la voiture de son ami, le directeur d'écurie Rob Walker, il perd le contrôle de sa Jaguar, heurte un camion, sort violemment de la route. Grièvement blessé à la tête, Mike Hawthorn décède quelques minutes après âgé de seulement 29 ans.


 L'état de la Jaguar ne laissait préfigurer d'aucune chance à ses occupants...


Cladounnet

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