Les Grands Prix après la guerre
En 1939, alors que le sport automobile vivait un véritable âge d'or partout dans le monde, tout s'arrêta brusquement, en commençant par l'Europe. Les circuits devenaient des terrains de stockage ou des aérodromes de fortune, les usines des fabriques d'arme, et les pilotes réquisitionnés par les armées ou entrant dans la résistance... Le sport automobile s'était arrêté le 3 Septembre 1939 à l'issue du Grand Prix de Belgrade et les moteurs se turent pendant plusieurs années, on aurait pu croire de façon définitive...
Dès la sortie de la guerre, l'Europe entama sa grande reconstruction, tant sur le plan matériel que politique et social, et donc sportif! Les dirigeants de l'ACF et quelques pilotes se réunissant rapidement afin de faire revivre au plus vite le sport automobile, et alors que l'armistice était signée le 8 Mai 1945, le 9 Septembre de la même année était organisé trois courses automobiles de trois catégories différentes, Sports, 2000cc et Formule Libre, sur un circuit temporaire tracé dans le bois de Boulogne! Les Coupes de Paris devenaient donc les toutes premières courses après-guerre. Organisées un peu à la hâte suivant les réglementations d'avant-guerre, seulement une trentaine de concurrents étaient présents dans toutes les catégories, mais déjà le monde automobile repartait!
Si l'ACF reprenait rapidement du service, les autres automobile clubs n'ont pas non plus attendu très longtemps et les membres de l'AIACR (Association des Automobile Clubs Reconnus) se réunissait le 20 Juin 1946 à Paris pour préparer l'avenir du sport automobile. Au terme de cette réunion l'association changeait d'organisation et prenait le statut de fédération sportive en devenant la FIA (Fédération Internationale de l'Automobile). Jehan de Rohan conservait son statut de président, mais désormais différentes commissions allaient se charger d'uniformiser les décisions dans les différents secteurs liés à l'automobile, tant sportive que civile, les automobile clubs locaux ne se chargeant plus que de l'application des consignes de la FIA, particulièrement en tant qu'interlocuteur avec les gouvernements, et de l'organisations des événements liés à l'automobile. Le siège situé Place de la Concorde à Paris n'a depuis jamais été déplacé.
L'objectif immédiat de la FIA restait cependant l'organisation rapide de nouvelles compétitions automobiles, mais cela demandait quelques préparations, et la création d'un règlement technique strict. L'idée de reprendre directement la Formule Internationale déjà en vigueur avant-guerre était séduisante, mais la FIA craignait le retour de monstres de puissance comme les Mercedes-Benz et Auto Union compressés qui avaient la main mise sur la compétition. Donc si la nouvelle formule allait conserver une capacité de 4.5l pour les moteurs conventionnels, les moteurs compressés allaient voir leur puissance passer de 3.0l à 1.5l! 1.5l étant à l'époque la limitation pour les voiturettes, la catégorie inférieure aux Grand Prix. La nouvellement définie "Formule A" allait être accompagnée par sa petite sœur, la "Formule B", évolution de la catégorie voiturette, moins puissante mais aussi plus abordable, limitée à 1.5l pour les moteurs conventionnels et 500cc pour les moteurs compressés. Cette réglementation allait être testée dès le 1er Septembre 1946 à l'occasion du Grand Prix du Valentino à Turin avant d'être entérinée en 1947 pour prendre le nom officiel de "Formule 1" et "Formule 2". En 1950, la cadette allait être fondée, la Formule 3, pour les moteurs de 500cc.
Mais quid des circuits? Déjà avant-guerre, plusieurs circuits permanents avaient vu le jour, mais après six années d'inutilisation voire comme dans le cas de Brooklands et Monza, détruits par des bombardements. Indianapolis était devenu un centre de stockage de l'armée de l'air et demandait des travaux de réfection, le Nürburgring se couvrait de végétation tout comme Montlhéry et Donington... Et même les circuits semi-permanents comme Bremgarten, Le Mans ou Reims allaient demander de grands travaux pour réparer les tribunes et garages. Où courir donc? Les circuits en ville étaient une solution toute trouvée puisque depuis les années 1920 des circuits urbains plus courts étaient utilisés comme Albi, Pau et évidemment Monaco. En Grande-Bretagne, une autre solution a été envisagée et confirmée, utiliser les aérodromes militaires désormais désaffectés pour avoir sans nécessité de budget des pistes déjà construites. Dans cette catégorie, on retrouve des circuits encore célèbres aujourd'hui comme Silverstone, Snetterton, Thruxton, Croft ou bien sûr Goodwood! Mais il ne faudra pas attendre longtemps pour revoir les circuits permanents être rebâtis.
C'est donc en Septembre que le tout premier Grand Prix de "Formule 1" avait lieu, puis en Février, le Grand Prix de Suède a vu la nouvelle catégorie rouler sur la neige à Rommehed! En Juin, Bremgarten et Spa-Francorchamps étaient prêts à recevoir à nouveau la compétition! Mais l'effort de reconstruction était ralentissait la réparations des pistes dans d'autres pays. En France l'ACF organisait son Grand Prix sur la nouvelle rocade de Parilly à Lyon, et le Grand Prix d'Italie eut lieu à la Fiera Capionaria à Milan. En 1948, Monaco retrouvait le vrombissement des moteurs, Reims avait ses tribunes et ses garages remis à neuf et même agrandis, et Monza était réouvert le 17 Octobre sur un tracé entièrement remis à neuf. Et en 1949, la formule 1 était devenue un rendez-vous incontournable pour les passionnés d'automobile et les constructeurs!
C'est donc en toute logique que la FIA commença la préparation d'un championnat en 1949, mais bien différent de ce qu'il fût avant-guerre. Exit le système de points dégressif complexe du championnat d'Europe pour venir à un système se voulant plus simple et moderne, déjà utilisé dans certains championnats nationaux. 8 points pour le vainqueur, puis 6,4,3,2 et 1 point pour le meilleur tour de la course. Pour équilibrer les chances et éviter aux concurrents de perdre le championnat sur casse mécanique, blessure ou manque de financement, seule la moitié des résultats compteront. Quand aux courses, le choix se portait sur les Grands Prix nationaux. Cependant, pour organiser un "Championnat du Monde", il fallait courir sur au moins deux continents, hors ces courses n'avaient lieu qu'en Europe... Les circuits africains ont étés abandonnés lors de la reconstruction européenne, et un vent d'indépendance flottant dans les colonies rendait le climat politique trop tendu. L'Asie était bien loin des préoccupations sportives européennes et l'Océanie était bien trop loin, cela demanderait trop de finance aux concurrents... Restent les Amériques, mais les routes sud-américaines ne donnaient aucune satisfaction à la FIA, et les Etats-Unis n'acceptaient guerre l'ingérence européenne dans leur compétitions sportives. Finalement, après d'âpres négociations, décision fût prise d'autoriser les 500 Miles d'Indianapolis d'entrer au calendrier du Championnat, mais suivant la régulation de l'American Automobile Association et non celle de la Formule 1.
Et enfin, le 13 Mai 1950, le Grand Prix de Grande-Bretagne devenait la première course du Championnat du Monde des Pilotes, qui sera renommé en 1981 Championnat du Monde de Formule 1.
Durant les prochaines semaines, je reviendrai plus en détail sur ces courses entre 1946 et 1950 apportant le renouveau au monde du sport automobile, et on commencera par la Coupe René le Bègue en 1946!
Neet for Speed
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